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22 avril 2018 7 22 /04 /avril /2018 17:11

EPISODE n°7

Vacance. Au singulier.

Ce que j’ai voulu dire…

J’aurais pu mettre un point final à cette 7ème et peut-être dernière chronique. Car je me viens de m’autocensurer. En effet, l’article que j’ai écrit ne peut être publié en l’état, aujourd’hui en France, devant le fait qu’il pourrait être susceptible d’être mal interprété, ou classifié pour ce qu’il n’est pas.

C’est terrible de s’autocensurer, quand on ne peut dire ce qu’une œuvre d’art signifie… entre le politiquement correct, le climat de guerre depuis 3 ans déjà avec l’extermination des dessinateurs de Charlie, l’écrivain et le « jeune » romancier que je suis sont en effet pris en tenailles.

Un peu – et je pèse mes mots ! – comme les refuzniks ou les dissidents qui faisaient passer leurs œuvres sous le manteau (chansons, poèmes, romans, essais…) sous le régime brejnévien. On va dire que j’exagère ; je pense que je ne le crois pas, malheureusement, devant la dictature du silence. Mais je crois qu’il est grand temps de faire acte de résistance…

Je vais vous faire une confidence ; j’avais envoyé Vacance à un éditeur parisien, moyen éditeur pour les classes moyennes. La lectrice qui m’envoya son bulletin critique avait très bien compris où je voulais en venir et ses mots assassins – sur le contenu même et le signifiant de ce texte ! – ne faisaient pas d’illusion. Elle avait bien censuré ce roman, qui n’est qu’un roman sur la thématique de la défaite nationale et individuelle au-delà des générations depuis la Seconde guerre mondiale. Ce qui m’a malgré tout confirmé que j’avais vu juste ; une telle réaction ne pouvait qu’être évidente : une certaine caste germanopratine ne pouvait que condamner d’office une œuvre de fiction dans un réquisitoire de type inquisitorial. Certes, je n’ai pas risqué ni ma vie ni la geôle ; mais la censure du silence est une des pires choses qui existe pour les créateurs…

Et je comprends aussi le dilemme de Pier Paolo Pasolini devant l’incompréhension des critiques à l’égard de ses poèmes, de ses romans et de ses films…

Je ne me prends pas pour ce que je ne suis pas et je n’ai hélas pas le talent de Pasolini.

Mais il existe aujourd’hui un climat très français où un diktat de l’esprit a gangrené peu à peu depuis les années 1990 la liberté d’expression : entre un multiculturalisme à l’image de celui des Etats-Unis vanté comme le système de remplacement de la culture française sur le territoire de notre Etat-nation, devenu vassal de Berlin,  devant le reniement de notre culture nationale riche de mille ans d’histoire durant lesquels les politiques ont toujours été accompagnés des écrivains, poètes, polémistes et essayistes (je vous recommande l’extraordinaire essai de Pierre Lepape Le pays de la littérature. Des serments de Strasbourg à l’enterrement de Sartre sur ce sujet !), nous connaissons une période de sérieuse confusion politique et culturelle.

De son temps, Pier Paolo Pasolini était condamné par l’église pour son marxisme mais se disait émue devant son Evangile selon saint Matthieu de 1964. Tandis que le PCI ne comprenait pas ses prises de position sur l’évolution des mœurs et la consommation des corps advenue avec la société marchande, juste avant l’ère de la mondialisation …

Les gens aiment bien les cases où classer les opinions, les gestes et les dires… Cela rassure. Et les confronter à leur angoisse d’un monde terriblement compliqué n’est pas fait pour les rassurer.

Vivre sous le joug du conformisme et de la conformité dont les tenants sont dans la posture de l’imposture n’est pas un idéal enthousiasmant. Même agir dans les marges devient une liberté menacée pour la création ; dans le seul but que règne un ordre indigne pour que les « possédants soient possédés par la possession ».

Je disais que je m’étais autocensuré… en partie ; oui, en partie seulement !

 

Chronique : épisode n°7 sur Vacance
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