Argumentaire
ou
Tout dire sans en avoir l’air…
Le poème Nous vivons des temps d’extrême confusion, paru récemment en feuilleton sur mon blog en 7 épisodes, fut écrit il y a plus de trois ans, à l’occasion d’un projet collectif, qui ne vit d’ailleurs pas le jour… pour ce qui concerne ce texte !
Je n’en garde aucun regret ni aucune acrimonie ; il est plutôt sain d’exprimer à un auteur, à un moment donné, qu’un texte ne peut passer l’étape préalable à la publication. D’ailleurs le plus souvent, faute de temps, il paraît difficile pour des instigateurs de projets éditoriaux de suivre pas à pas chaque auteur et de leur dire ce qui ne va pas, indiquer le point sensible là où il faudrait travailler, pour écrire ou réécrire en totalité ou en partie le manuscrit originel.
Et la poésie est un genre où la critique est difficile, du fait du caractère très subjectif de la forme et du fond du poème exposé. Car il s’agit bien d’exposition comme on présente un tableau au regard critique du public. La poésie ne peut se voir bouleverser sans changer son contenu, le fond, la métrique des vers et la scansion des mots projetés comme lancés en plein mur, non pour faire tache, mais pour faire sens.
Car la poésie permet dans une économie de moyens de diffuser les idées, les images, les ambiances en un minimum de place, de mots, phrases etc.
Ce texte fut écrit aussi dans un contexte particulier ; politique, national, et international. Les débats dont on nous rebat les oreilles dans les médias officiels masquent la réalité et il me fallait dire des choses importantes, à mes yeux, quitte à ne pas être compris par mes amis proches, qui ne m’ont d’ailleurs pas compris après l’écriture immédiate de ce texte. Fallait-il d’ailleurs qu’ils me comprennent ? Ou qu’ils acceptent ce bilan du début des années 2000, empreintes notamment en France d’une confusion généralisée sur les plans sociaux et politiques…
Mon parcours peut me faire dire que je pressens les dérives historiques et politiques au plan national et international car j’ai travaillé sur ces questions durant mes études et je puis affirmer que d’avoir les outils en tête peut me laisser l’illusion que je peux me risquer à échafauder des hypothèses, à souligner des dangers, des menaces ; et ce sans aucune arrière-pensée ou sans que l’on m’affilie malgré moi à un camp politique que je n’aurais pas choisi.
Ces précautions oratoires prises, ce poème devait déjà exister rien que par le titre.
Nous vivons des temps d’extrême confusion est un titre qui me trottait en effet dans la tête depuis de nombreuses années, et devait être le thème d’une revue papier que l’on devait fonder avec des amis qui n’a malheureusement pas vue le jour, faute de temps peut-être, de moyens surtout…
J’avais fait le diagnostic que la fin de la Guerre froide, la mort supposées des idéologies, la chute du Mur de Berlin avait entraîné une bouillie idéologique où des camps opposés se trouvaient subitement alliés ; où des dérives sémantiques précipitait des Etats dans des guerres civiles d’un autre temps, que l’Europe était contaminée par des extrémismes et une dialectique qui faisait penser aux années les plus noires du XXème siècle.
Enfin et surtout, je condamnais les prises de positions de personnalités politiques soi-disantes progressistes qui voyaient la libération du peuple kurde lors de la dernière phase de la guerre d’Irak comme une oppression, associées aux combats les plus douteux de par l’alliance objective avec les forces les plus rétrogrades, réactionnaires voire fascisantes du Moyen-Orient.
Quand en politique on est amené à s’allier avec les pires ennemis imaginables pour lutter en faveur d’une cause censée être juste, c’est un véritable pacte diabolique qui est ainsi conclu et malheureusement nous ne sommes pas encore sortis de cette période de confusion, préalable certain à tous les aventurismes, toutes les guerres et toutes les oppressions.
La poésie devait être pour moi ce cri pour dire haut et fort cet état trouble d’un contexte dangereux. La poésie et le poème sont des outils ; encore faut-il qu’ils soient lus…
En affichant ce texte d’abord sur ce blog, Journal quotidien d’expression poétique partagée, il me fallait dire et redire pour faire entendre, pour clamer et éventuellement convaincre pour ne pas tomber dans les pièges du sens commun, qui font prendre le plus souvent des vessies pour des lanternes !
Ite missa est.
Jean-M. Platier
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