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20 avril 2010 2 20 /04 /avril /2010 17:50

 

ma fille est bientôt

Vient de paraître aux éd. Arcadia (mars 2009) :

 

Ma fille est bientôt plus vieille que moi

 

  Bien sûr, Jean-M. Platier ne maîtrise pas le calcul des millésimes généalogiques, faisant de son titre génial un pittoresque moment d’humour décalé. Mais une chose est sûre, il connaît parfaitement la littérature et il nous le prouve encore.

  Dégustés un à un, les textes qui composent cet ouvrage sont autant de petites expériences acides qui picotent un peu et font légèrement grimacer. Ensemble ils ont une saveur bien plus intense et laissent dans la bouche un goût d’une délicieuse amertume. Ils laissent deviner et rendent désirables sans toutefois vraiment montrer.

  Tous ces petits croche-pieds de l’existence, tous ces combats perdus ou même pas menés, tous ces petits moments de faiblesses, mais aussi et surtout, toutes ces fulgurances nous désignent un seul but : donner du sens à l’existence.

  Ce un texte est une confidence magnifique qui révèle le crapaud du diamant, ce qui lui donne la vraie valeur, ce qui le rend vraiment précieux.

 

L’auteur : Jean M. PLATIER :

 

Né en 1964 à Saint-Claude dans le Jura, 18 ans d’enfance

et d’adolescence passées à Oyonnax, études à Lyon

et arrivée à Paris en 1986.

 

 

 

 

 

« Un roman en 64 chapitres qui ne ressemble à aucun autre ; car c’est le roman de la génération des hommes d’aujourd’hui, de leurs désirs, de leurs faiblesses mais de leur force aussi…

Seul Richard Brautigan avait osé, mais il y a plus de trente ans, et aux Etats-Unis !

Et c’est ainsi que l’on redécouvre que l’impossible n’est pas français. »

Jim Latieri

 

 

Comptoir de diffusion et de distribution :

 

Arcadia

9/11 rue du Champ de l'Alouette 75013 Paris

tél : 01 40 09 79 79

fax : 01 40 09 79 00

 

 

EXTRAITS !

 

Préface

 

Le crapaud

 

     En préambule, et pour qui ne connaît pas Jean-M. Platier (et pour sa mère aussi), il est important de préciser que ces 64 chapitres ont certainement tous été écrits sous l’effet d’une substance quelconque et particulièrement corrosive.

     Bien sûr, Jean-M. Platier ne maîtrise pas le calcul des millésimes généalogiques, faisant de son titre génial un pittoresque moment d’humour décalé. Mais une chose est sûre, il connaît parfaitement la littérature et il nous le prouve encore, le bougre.

     Dégustés un à un, les textes qui composent cet ouvrage sont autant de petites expériences acides qui picotent un peu et font légèrement grimacer. Ensemble ils ont une saveur bien plus intense et laissent dans la bouche un goût d’une délicieuse amertume.

     Souvent tendres (mais avec la tendresse des guerriers), parfois secs (mais avec la sécheresse des affectifs), souvent drôles (mais avec la drôlerie des désespérés), ils sont autant de contre-jours romains du personnage. Ils laissent deviner et rendent désirables sans toutefois vraiment montrer.

     Tous ces petits croche-pieds de l’existence, tous ces combats perdus ou même pas menés, tous ces petits moments de faiblesses, mais aussi et surtout, toutes ces fulgurances nous désignent un seul but : donner du sens à l’existence.

     Mais finalement qui est vraiment Jean-M. Platier (et que signifie le M. ?) ?

     Oui, il a bien trois filles (splendides), oui il est Capricorne, oui il est jurassien, oui il adore pêcher, mais il est aussi tout le reste et rien de cela.

     Ma Fille est bientôt plus vieille que moi est une confidence magnifique. C’est un texte qui révèle le crapaud du diamant, ce qui lui donne la vraie valeur, ce qui le rend vraiment précieux.

     Ce texte m’a donné l’envie de connaître l’auteur lui-même, en vrai, comme disent les enfants, enfin presque…

 

G. Mazuir (mais que signifie le G?)

 

Chapitre dix

Histoire de la pêche aux ablettes aux Zamériques

 

L’été était la saison de la pêche aux ablettes ; il faisait chaud, et dans l’Ain, à la limite du Jura, l’été ne faisait pas semblant, il faisait souvent très chaud. Le restant de l’année, il pleuvait, il neigeait, il faisait froid. Dans cette région, il existait deux saisons : l’hiver et le mois de juillet.

Plutôt que de courir après des filles imprévisibles et incompréhensibles, qui jouaient au jeu de la séduction avec mes amis lycéens, j’allais pêcher les ablettes qui mouchetaient en surface, à quelques encablures du bord du lac de Samognat, à un quart d’heure en mobylette.

Il fallait pénétrer dans l’eau du lac jusqu’aux cuisses et patiemment jeter sa ligne avec très peu de fond, pour attraper les ablettes de surface. Une vraie aventure: entre les touches manquées et un résultat pas très probant pour un spécialiste de la pêche aux ablettes, le froid gagnait les pieds puis le corps entier au bout de deux ou trois heures. Certaines se laissaient prendre, les plus petites. Parfois, une grosse brillait au soleil et se faisait ferrer. C’est dans ces moments-là que je me disais que la patience en valait vraiment la peine.

Un jour, alors que la chaleur était lourde, que l’eau brouillée cachait la plume et l’hameçon aux ablettes méfiantes et douces, que la pêche aux ablettes argentées était bonne, un sillon se dessina dans l’eau et se dirigea directement sur moi ; un serpentin de surface, rapide, assez beau dans son aspect géométrique, avec comme périscope une petite tête triangulaire qui visait son objectif, telle une torpille qui se dirige inexorablement vers son but.

J’attendis le dernier instant pour rejoindre le rivage et fuir une vipère de vingt centimètres, qui oubliait de chasser les ablettes pour attaquer un plus gros poisson.

Je ne parlerais le lendemain au lycée ni des ablettes, ni du serpent, vu que ni l’un ni l’autre n’intéressaient les grâces lycéennes.

 

Chapitre vingt-et-un

Plantation

 

Pour devenir un homme, il suffit de peu de choses. Quelques années plutôt longues de maturation, d’intense réflexion, du hasard et un peu de courage. La recette pourrait paraître simple, voire trop. Mais n’est pas Che Guevara qui veut en un claquement de doigt. Ce sont les mères qui font les hommes, et je n’évoque pas ici la génétique ; trop compliquée ! Mais ce sont bel et bien elles qui façonnent dans leur tête, puis dans leur corps, les mâles devenus hommes. Aucune comparaison avec les filles, elles sont au-delà de ce qui nous compose. Les hommes sont frêles, fragiles, tristes adolescents stupides, piètres jeunes hommes impudents aux poings serrés en permanence.

Pour devenir un homme, il faut avoir fait un enfant, au moins, et écrit un livre. Mais surtout avoir planté un arbre. J’ai fait trois enfants, écrit trois livres, le parallélisme des formes est d’une étonnante clarté. Il va falloir planter des arbres, un olivier pour l’aîné, un cerisier pour la seconde. L’olivier est solide, bien en terre, résiste au soleil et au vent. Le cerisier est la fleur du printemps, le fruit qui rend saouls les merles, le symbole d’une chanson très émouvante pour les cœurs rougis par la mer de l’espérance. Je n’ai pas choisi l’essence pour la cadette durant vingt-et-un mois. Aujourd’hui, c’est décidé, je planterai trois bouleaux, car chez sa mère, plantés par trois, ces arbres portent chance et sont le symbole de la mère patrie.

Il faudra creuser à la bonne saison, au printemps ou au sortir de l’automne, manier la pelle et la pioche, former un trou assez profond mais pas trop, mettre des galets ou des cailloux blancs pour assurer la base, déposer l’arbre naissant, et reboucher en arrosant. Un vrai travail, un peu de temps. Moins qu’il n’en faut pour écrire un livre, ou pour faire un enfant…

Pour devenir un homme, il faut avoir fait un enfant, écrit un livre et planté un arbre. En multipliant les tentatives, j’espère ne rien laisser au hasard. J’ai choisi les arbres, le lieu, mais ma main tremble entre les saisons. J’ai laissé passer printemps et automne, l’hiver s’est prononcé avec ses consonnes noires et froides.

C’est dit, au printemps prochain, je deviens cet homme inespéré. Il faudra que cela se sache, tout simplement.

 

 

Chapitre vingt-trois

Papa par la Poste

 

Souvent le soir, couché sur mon bureau, à deux pattes du clavier qui geint sous les touches, le chat rit en me voyant écrire. Il paraît surpris, oui étonné, et le matin aussi il me questionne comme pour savoir ce que je fais, ce que j’essaye vraiment de lui dire.

Les chats sont comme des enfants ; ils sont présents, interrogent de leur regard, parce qu’ils comprennent trop bien nos insuffisances notoires et, de ce côté précisément, plus rien ne paraît les surprendre. Les enfants savent tout immédiatement, la vie ne sert qu’à enfouir cette connaissance innée, animiste ou chamanique. En grandissant, ils désapprennent ce que la nature leur a inculqué.

En regardant mes enfants, je les vois grandir dans mon miroir qui prend des rides et des cheveux blancs à n’en plus compter. En essayant de leur dire qui je suis, ce que je fus et tente de devenir, les mots dérapent dans le fond de la gorge, se cassent contre les dents et terminent dans des tonneaux de gargouillis. Ce que les gosses prennent pour de la bougonnerie sont pourtant des cours essentiels sur la philosophie de la vie, sur l’art et la politique ; mais toutes ces histoires ne les intéressent pas. C’est normal.

En croisant les enfants qui bientôt n’en seront plus, ils auront du mal, je crois, à considérer ce grand enfant qui fut leur géniteur. Leurs mots peut-être finiront par sortir car je ne crois plus au déterminisme et à la fatalité, trop d’exemples m’ont démontré les revirements du hasard.

Mais pour l’instant, je n’existe que grâce au courrier, comme lorsque j’avais vingt ans et renaissais en attendant le facteur afin de recevoir des traces, des particules d’encouragement. Désormais j’envoie aux anniversaires, aux fêtes, à Noël et au jour de l’An, des lettres, des paquets, des cadeaux et des livres aux enfants qui sont partis loin de leur père, qui se ratatine peu à peu, qui perd ses dents.

Je suis le père éphémère à défaut du dieu présent. Je suis le papa absent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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