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La vie s’annonce doucement
Par la petite porte
Les lilas fleurissent chaque année
Et leur parfum violacé emportent les soucis
La vie s’élève par à-coups
Les connaissances s’accumulent
Et nos rêves sont souvent déçus
Car la vie des autres souvent déçoit
On attend toujours ce qui ne vient pas
Dans une impatience toute enfantine
Si on avait les mots pour tout dire
Dès le commencement
Mais on porte le silence
Plongé dans des yeux trop grands
Puis on se joue des scènes pour se prouver
Qu’on existe au fond
Alors que la parole première
Dans l’évidence de sa beauté
Transporte les êtres au sommet
De la gloire de l’humanité
La poésie est un luxe qui s’ignore
Dans une ferveur quasi religieuse
Il faut dire les mots quand ils font mouche
Ils font face à un désert
Qui prêterait à sourire
Tant il semble comique
Un désert de lunes tristes
Les questions peuvent se poser
A tout moment dans la clarté
Pourquoi tout s’est–il effondré
Pourquoi l’enfance fut trahie
Dans la mort
Un train parcourait la montagne
Ses banquettes de cuir craquelé
Marquaient les premières années
Du voyage de trente kilomètres
Sous les ponts torrents et rivières
Luttaient contre l’emprise des forêts
L’eau coulait de tous côtés
Un ciel noir crève l’abcès de l’horizon
Avant que des pluies torrentielles
Sèment un brouillard de chaleur et de beautés