En me retournant ce matin
Pour faire face au soleil
Une cigarette à la main
Portée aux lèvres du lendemain
Je préfère ainsi tourner le dos
Au pire du 20ème siècle
Cette absurde saison du crime
Ce que je sais
Ne peux le démontrer
Car je n’en ai plus la force
Ni le talent oratoire ni la volonté
Ce que je sais
Vous le savez
Mais vous fermez la plupart du temps les yeux
Et faites ceux qui n’entendent rien
Qui ne veulent pas
Fixant le mal pour se protéger du bien
Car tel est le théorème paradoxal
Se taire dans la fuite
Comme une victime consentante enchaînée
Ainsi qu’à Sartène la Rouge
Chaque année on replace un chaînon
A la chaîne fixée aux chevilles
De l’homme aux pieds nus
U Catenacciu
Qui veut expier la Passion
L’enchaîné à la chasuble rouge
Cagoulé de l’anonyme mépris
Face au précipice de la justice divine
Plus nu encore dans la poussière
Devant l’évidente vérité des hommes
La première couleur quand on vient au monde est le rouge a été publié aux éditions Le bruit des autres, mars 2011, 89 p., 12 euros (ISBN 978-2-35652-062-3)