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24 mars 2018 6 24 /03 /mars /2018 11:07

VACANCE, roman, publié le 2 mars 2018 aux éditions Au Pont9

(Commande possible en libraire, FNAC, points de ventes… Vous serez livré de 48 à 72 h plus tard).

EPISODE n°3 : l’art de la défaite

Ce texte est dédié à Jean-Michel Valantin !

Je voulais écrire ce roman depuis longtemps. Depuis la fin proclamée  des idéologies ? La fin du débat en France, qu’il soit politique, philosophique… avant que l’on ne tombe dans l’ère de l’anathème, du discours inquisitorial, du procès à la khmer rouge, permanent, insidieux à partir du moment où vous n’êtes pas d’accord avec la bien-pensance officielle autoproclamée.

Ce qui expliquerait pourquoi la France et ses citoyens ont dans leur tête cette mentalité de la défaite, coupable - quand les coupables devant la justice deviennent des innocents et inversement – que ce soit dans la sphère publique ou privée d’ailleurs.

Coupable des défaites qui ont balayé notre pays ; depuis quand ? 1815 et Waterloo, les 3 guerres contre la Prusse et l’Allemagne… Ça change en effet la donne de perdre 1,5 millions d’hommes durant la première Guerre mondiale, autant sinon plus avec la grippe espagnole, d’avoir été trahi par ses élites politiques et militaires en mai-juin 1940 puis occupée, humiliée… Martyrisée ?

Ne porterions-nous pas, inconsciemment, cette logique de la défaite tout comme on l’a porté durant la terrible Guerre de 100 ans. Il aura en effet fallu attendre 120/130 ans pour que la France se redresse contre la guerre civile, l’occupation anglaise, les trahisons intérieures pour enfin renaître.

Ça change la donne quand les Anglais ont su résister contre Hitler et les nazis, quand les Soviétiques avec leurs 26 millions de morts sont sortis vainqueurs à Moscou, Stalingrad et Koursk de cette grande catastrophe du 20ème siècle que fut l’hydre nazie.

Cela donne une autre mentalité, un autre dessein collectif, national et individuel, j’oserais dire une certaine fierté. Une autre vision du passé, du présent et bien entendu de l’avenir.

On nous l’a assez répété : nous ne serions pas ou plus prêts à des sacrifices nationaux importants, à un volontarisme national, à l’héroïsme ? Nous serions coupables de tous les crimes, réels ou supposés il est vrai… Les décennies passant, on nous jette à la figure la honte d’être citoyens français, d’être fiers de nos cultures, de notre langue, de nos goûts et surtout de notre histoire… Mais qui a décidé et quand de nous rendre coupables ?

Dans VACANCE, j’ai voulu – j’avoue a posteriori - marquer certaines étapes incontournables de ces défaites à répétition qui ont bouleversé notre mentalité, nos idéaux : l’occupation en 1943 quand les femmes sont confrontés à l’absence des hommes. En 1962 le conséquences indirectes de la fin de la guerre d’Algérie, ce département qui fut français avant Nice et la Savoie… 1975, le début de la crise économique et du massacre social du chômage, qui a ruiné des régions industrielles, contraint les individus à n’être que des individus assistés, réduits à l’état de consommateurs envieux de ce qu’ils ne peuvent s’offrir, ayant perdu leur dignité d’homme travaillant, utiles à la société, à leur famille… 2014 enfin, quand les faits divers des banlieues inhumaines annoncent la montée de l’extrémisme mafieux et religieux, symbole de la perte des idéaux de libération des êtres humains, pour devenir l’emblème même du culte de la mort.

Mais à qui profite ce crime ?

« Quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver » » disait un nazi, un fasciste ou un franquiste du 20ème siècle… L’absence de culture fait la culture de l’absence, pourrais-je dire pour paraphraser E. Morin. Cette absence qui tue à petit feu, qui ruine l’âme, qui noie la vitalité, qui ronge tel un cancer les sens de la vie, cette vie qui peut pourtant émerveiller grâce à la beauté des œuvres humaines. Qui empêche d’apprécier la vision d’un masque africain d’une singulière beauté que j’ai trouvé récemment, ressemblant à une figure de l’art roman. D’un poème érotique d’anonymes russes du 19ème siècle écrit en mat, Lucas Couillonov qui vient d’être édité pour la première fois en France et qui émeut jusqu’aux larmes ; de la série The young pope de Paolo Sorrentino qui m’a touché au plus profond devant cette réflexion philosophico-politique sur le pouvoir et que chacun devrait voir pour ne plus jamais faire de compromis ! D’écouter le dernier album de Charlotte Gainsbourg Rest d’une élégance troublante !

Et si on changeait enfin de paramètres pour devenir définitivement audacieux et pour passer enfin de la défaite à l’art de la victoire ?

Parution : épisode 3 - VACANCE
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